Décarbonner notre consommation d'énergie est une nécéssité absolue. Mais avec quelle politique énergétique ?
Grande découverte : la formulation des questions oriente les réponses à un sondage. Donc deux sondages sur le même sujet peuvent produire des résultats contradictoires sur l'appreciation des français sur le recours aux éoliennes ou à l'énergie nucléaire. Les politiciens s'empressent donc de differer les décisions difficiles.
Nous devons d'urgence décarbonner notre consommation d'énergie.
Dans ce but, nous avons choisi de recourir à un transfert massif des sources d'énergie fossiles vers l'électricité, réputée plus facile à décarbonner. Ce choix commence à porter ses fruits au moins dans le domaine des transports. Mais cette politique entraine mécaniquement une augmentation massive de la demande d'électricité dans les années à venir.
Par idéologie et électoralisme nos gouvernants ont renoncé à des centrales nucléaires en parfait état de marche créant des problémes de pénurie potentielle; ils ont stoppé le programme Astrid, seule piste sérieuse pour éviter la prolifération des déchets nucléaires. L'Allemagne constitue une parfaite étude de cas des conséquences sur la production de CO2 de cette politique stupide d'abandon trop rapide du nucléaire, avec un recours massif au charbon et au gaz. Mais l'Allemagne est un grand producteur de charbon et c'est bon pour la balance des paiements...
Je crois que c'est dans un dessin de Xavier Gorce que l'on trouvait cette légende : "Je suis désolé, mais mon idéologie contredit absolument vos faits". Mais les faits sont têtus.
Alors oui nous avons besoin d'énergie nucléaire. Mais vaut-il mieux pour produire la même quantité d'électricité six SMUR de taille maitrisable ou un EPR, cathédrale technologique aux limites de nos capacités comme le montrent les difficultés d'EDF ? Le président a posé à juste titre cette question cruciale. Espérons que ce n'était pas juste pour reporter aprés les élections la décision de commander immédiatement deux ou trois EPR supplémentaires...
Nous avons dans le même temps pris un retard qui ne cesse de s'allonger dans l'éolien flottant en mer, qui serait mieux adapté au relief de nos fonds marins et entrainerait moins de nuisances immédiates sur les paysages et le voisinage. Retard toujours justifié sous des prétextes écologiques, alors qu'un éventuel effet néfaste sur la faune et la flore marines reste à démontrer.
Aussi nous devons avancer sur le stockage de l'énergie, pour que le recours au gaz naturel ne soit pas le seul moyen de compenser les irrégularités de production des sources renouvelables. Energie potentielle, hydrogène vert, batteries ou autres pistes. Là encore, recherche d'innovations de rupture et investissements massifs, sur des dizaines d'années.
Alors il nous faut un plan pour les trente prochaines années et une organisation pour le piloter et le réaliser. Fort heureusement objectifs et résultats peuvent être quantifiés et mesurés et le plan peut donc être piloté, avec une évaluation annuelle des resultats obtenus et du reste à faire. Malheureusement plus aucun ingénieur ni industriel ne souhaite gaspiller son énergie dans une action politique ingrate et souvent stérile. Mais même des juristes ou des littéraires devraient être capables de comprendre une telle démarche.
Alors arrêtons les polémiques stériles et retroussons nos manches, si possible dans une démarche cohérente avec celle de nos voisins.
Les décisions prises demain vont conditionner nos investissements pour les cinquante prochaines années et accessoirement l'habitabilité de notre planète.
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