Qui dit méritocratie et ascenseur social dit sélection, ce qui est impensable en France.
Au nom de l'égalitarisme, on a supprimé le concours des bourses et réduit le poids des mathématiques, trop difficiles, dans la sélection. Pourtant c'est la discipline qui fait le moins appel aux compétences socialement acquises, principalement liées à la maitrise du langage.
Dans ma génération, les élèves des grandes écoles comportaient au moins 20% d'élèves issus des "classes populaires", pour ne pas dire de familles pauvres. Le mécanisme était simple : le concours des bourses qui sélectionnait les meilleurs étudiants issus de familles à revenus modestes et assurait ensuite le financement de leurs études. Le concours a le mérite de sélectionner les compétences mais aussi de tester la détermination et l'ambition.
Donc, rétablissons le concours des bourses, ouvert aux boursiers "sociaux", et réservons 20% des places dans les meilleures classes préparatoires et dans toutes les filières sélectives à ces boursiers.
Et incitons les enseignants, comme le prof de français de Camus, à orienter le plus tôt possible les enfants doués et déterminés vers des filières d'excellence en les recommandant pour des bourses (horreur !) au mérite, choix que eux même ou leurs parents n'auraient peut-être pas fait spontanément.
Mais encore faut-il disposer de filières d'excellence assumées.
L'absence d'exigence dans l'enseignement est une insulte pour ceux qui la subissent ! Chacun doit être conduit au maximum de ses capacités et de ses désirs et ceux qui ne bénéficient pas d'un environnement social et familial propice doivent pouvoir bénéficier de mesures de rémédiation bienveillantes, y compris d'internats confortables.
Les classes que l'on voudrait homogènes sont écrasées par la médiocrité, qui tue l'émulation. Les plus doués, souvent méprisés pour leurs efforts par leurs condisciples plus médiocres, sont parfois roués de coups. On n'apprend bien qu'en groupe, encore faut-il que le groupe soit stimulant et encourage la curiosité et l'effort.
Nous ne sommes pas des petits pois identiques bien rangés dans nos boites.Talents et determination sont divers et chacun doit être encouragé et aidé à se developper jusqu'au bout de ses capacités.
Pour finir une remarque sur les grands corps et leur nature endogène : il faut en être très proche pour réaliser la sécurité de carrière et le pouvoir qu'ils offrent. Un étudiant provincial loin de ces milieux largement parisiens, n'y verra souvent qu'un avatar administratif sans intérêt et ne cherchera même pas à les intégrer quelles que soient ses capacités.
Laissez votre commentaire